dimanche 20 mars 2016

sauvage carnaval

Ce samedi c'était la fête dans les Marolles : surgis d'on ne sait quels antre, des créatures issues des ténèbres, rejetons des Grands Anciens ou incarnation des délires infernaux de Bosch, hantaient les ruelles de Brüsel, investissaient les labyrinthes architecturaux de la Cité, envahissaient les pelouses de la porte de Hal et proclamaient le renouveau de la Terre. Il est souvent enseigné que le Carnaval abolit l'ordre social pour mieux célébrer la renaissance de la vie : le printemps est certes la saison des rêves et des révolutions... un joyeux bordel donc dont nous livrons quelques images.












vendredi 18 mars 2016

sur le Mont des Arts

Entre la Grand place et le Palais s'étend le "Mont des Arts"... c'était jadis un charmant jardin, peu à peu transformé - depuis les années 1930 - en un lieu de passage assez banalisé flanqué par la bibliothèque Royale et quelques bâtiment dévolus aux congrès internationaux qui s'y déroulent régulièrement. 
Aujourd'hui fréquenté par les les navetteurs, les touristes, les congressistes, les skateboarder et les taggeurs... ce lieu est propice à la farniente autant qu'à la street photo


 





mercredi 16 mars 2016

sur les rives de la Senne

Cette petite rivière prend sa source à Naast, près de Soignies et parcourt 100 km pour se jeter dans la Dyle après avoir parcouru 14 km en région bruxelloise. Au 19e siècle cette rivière, alors considérée comme malsaine, fut voûtée et déviée mais des portions à ciel ouvert subsistent au Sud de Bruxelles, à Forest et Anderlecht. Il est peut être difficile de trouver de la poésie dans ce cours d'eau qui traverse des zones fortement industrialisées, et qui est réduit à servir, pratiquement, d'égout à ciel ouvert, tant les déversement d'eaux résiduelles et de déchets y sont nombreux. Cependant un effort, au niveau régional, est entrepris pour réhabiliter la Senne et l'on escompte qu'elle sera assainie d'ici quelques...décennies.








lundi 14 mars 2016

Edith Dekyndt au Wiels

Le Wiels ne pouvait manquer de rendre hommage, à travers une installation de Edith Dekyndt, à la Dekkera bruxellensis, cette levure que l'on trouve dans les eaux et dans l'air bruxellois et qui confère à nos bières leur saveur si caractéristique... Sans ce microorganisme, les brasseries productrices de la gueuze et de la faro n'auraient pas prospéré. Quoiqu'il en soit, le travail d'Edith Dekyndt est une immense fermentation : une investigation quelque peu alchimique des lentes transformations que la vie impose à la matière organique : turgescences, sudations, exhalaisons, sublimations, condensations qui imprègnent divers supports, subjectiles d'une oeuvre dont le devenir est déterminé par la seule activité biologique des microorganismes qui l'ensemencent. D'autres explorations sensorielles sont présentées : telle cette plongée dans la mer morte dont la trace audiovisuelle nous force à pénétrer dans une luminescence trouble, tel ce drapeau de chevelure humaine flottant au vent, dérisoire emblème d'une humanité dépouillée, un peu sinistre comme une bannière pirate déchirée par la guerre. Elles témoignent d'une volonté d'exploration, quasi scientifique, des limites de l'art, aux frontières du naturel et de l'artifice.





L'exposition "Ombre indigène"  est visible au Wiels jusqu'au 24 avril 2016



jeudi 10 mars 2016

Labyrinthe situationniste

Vincent Meessen : Sire, je suis de l'ôtre pays

 

Les installations de Vincent Meessen nous renvoie à une double oblitération : celle d'une critique radicale de la modernité et de l'urbanisation industrielle, assumée par l'Internationale Situationniste, et celle d'une méconnue et improbable filiation de ce mouvement, à la fois politique et artistique, au Congo. Dans l'exposition, dont l'intitulé - One Two Three - renvoie à un chant contestataire des années 1960 met en évidence, à travers une projection vidéo, la transculturalité en oeuvre à Kinshasha, où la rumba, musique cosmopolitisée, "sert de véhicule à une méditation sur l’émancipation"... sous le regard de l'artiste : la domination coloniale, l'aliénation culturelle, l'intégration dans le processus de la mondialisation, et l'aspiration, sans cesse renouvelée à l'émancipation. 

Dans une autre salle, un labyrinthe force le visiteur à une déambulation hasardeuse aboutissant à une maquette étrange : celle d'un projet avorté des situationnistes d'implantation d'une ville expérimentale dans une île déserte, au large de l'Italie. Immédiatement ce labyrinthe nous renvoie au mythe de Minos qui fit construire par Dédale le repaire du monstre qu'il engendra... 
Que ce soit à travers l'exhumation de documents situationnistes méconnus - originaux et fac similés y sont présentés et recontextualisés d'un point de vue où tout ethnocentrisme européen est délibérément évacué, ou à travers la mise en oeuvre fictive d'une utopie esquissée, Meessen ré-interroge notre rapport au monde marqué par la transformation sociale des ultimes espaces vierges de la planète. Mais quel monstre hybride trouverions nous, au coeur des labyrinthes de nos cités et des réseaux tissés par la culture mondialisée ?


























l'exposition est ouverte au Wiels jusqu'au 24 avril 2016 - présentation sur le site web du Wiels
site web du Wiels  : http://www.wiels.org

lundi 7 mars 2016

brasserie sur marais



Les Bruxellois le savent, les Brasseries Wielemans Ceuppens nous ont laissé quelques fleurons architecturaux à Forest, dont le plus connu est le bâtiment d'architecture moderniste, oeuvre de l'architecte A. Blomme, devenu le Wiels, centre d'art contemporain. 

Le Wiels a inauguré récemment sa terrasse qui sera ouverte au public le 19 et 20 mars prochain. Le panorama que l'on y découvre est l'occasion de mettre le point sur certains projets urbanistiques qui seraient susceptibles de modifier considérablement l'aspect du quartier Wiels.





Il faut dire que le quartier est particulièrement vivant et diversifié : jouxtant les lignes de chemin de fer - le panorama séduirait tout ferrovipathe (c'est à dire un fana des chemins de fer) - on y découvre une zone industrielle et populaire en voie de gentrification accélérée. Le dynamisme social est important : on ne compte plus les initiatives citoyennes et culturelles visant à faire du quartier un exemple de développement durable, malgré les difficultés que posent la reconversion d'une zone industrielle. 

De la terrasse, on découvre immédiatement, sur les terrains entourant le Brass, un jardin collectif et un potager géré par les habitants. On y voit des ruches et au delà un curieux plan d'eau noyant des fondations dont on distingue, effleurant l'eau, les colonnes de béton. Il y a quelques années des travaux de terrassement ont accidentellement pénétré la nappe phréatique, provoquant l'inondation progressive de tout le chantier. Au cours des années, l'environnement est redevenu ce qu'il était à l'origine : un marécage. En effet, ces terrains marécageux avaient été jadis achetés par les brasseurs du Wiels qui y trouvaient dans ces eaux les propriétés propices à la fermentation de la célèbre bière bruxelloise dans laquelle la Dekkera bruxellensis - une levure - joue un rôle de premier plan.

installation de Edith Dekyndt, exposée au Wiels

Ce marais du Wiels est progressivement devenu un pôle d'attraction, créant un paysage étrange qui met curieusement en valeur les vestiges (classés) du "Métropole", vieil hôtel appartenant à la famille Wielemans Ceuppens. Une roselière s'est développée, le plan d'eau abrite plusieurs espèces d'oiseaux aquatiques, dont le Grèbe castagneux, la présence de nombreuses espèces de libellules est un indice de la qualité de l'eau et de la biodiversité qui s'y est installée. La présence de nombreux insectes favorise le maintien, près du pont de Luttre, d'une des rares colonies bruxelloises d'hirondelles... ce marais recueille aussi les eaux de pluie, limitant le risque très réel d'inondation dans le quartier. 

Cet espace exceptionnel, dont les abords immédiats sont restés un peu à l'abandon, est actuellement cloturé. Une société immobilière très active dans la commune possède le terrain et projette d'y construire du logement, 8 à 9 tours de 8 ou 9 étages, en récupérant l'ancien "Métropole" (qui serait réhabilité comme lieu de commerce ou horeca) mais en enclavant le quartier dans un complexe d'habitation. Au programme, l'assèchement du marais, le bétonnage du sol en vue de la construction d'un parking souterrain de quelque 200 places. 



Les habitants du quartier Wiels s'inquiètent, même si la construction de logement peut-être une entreprise intéressante sur le plan architectural... la disparition du marais pose le problème de la gestion des eaux de ruissellement et de la nappe phréatique... on craint des infiltrations dans les caves des maisons voisines du quartier Orban ou de la rue du pont de Luttre, qui subissent des inondations régulières. D'autre part, le quartier sera enclavé, alors qu'il était possible et souhaitable d'y ménager des connexions entre le quartier Orban et le quartier "Diversity", au-delà du chemin de fer. L'enclavement de zones urbaines, par des projets d'habitations séparées de l'espace public, n'est pas sans conséquences sociologiques : gentrification, ségrégation sociale, clôture des espaces verts... de quoi mobiliser les habitants d'un quartier "en transition" vers un modèle de développement urbain écologique et "durable".

le pont de Luttre








vendredi 4 mars 2016

les Archanges de Christiane

Artiste plasticienne, peintre, sculpteur, dessinatrice, céramiste, Christiane Erard est habitée par une foi qui transcende sa vision du monde, peuplant son quotidien d'êtres spirituels, phosphorescences astrales , ou d'archanges lumineux. Son art relève tout autant de l'expression spontanée, quasi automatique, d'expériences intérieures que d'une démarche initiatique à laquelle sont conviés les visiteurs de son - ultime ? - exposition forestoise. En effet, établie à Forest, son atelier de l'avenue van Volxem, qu'elle occupait de manière précaire, fermera très bientôt : résultat d'une politique urbaine éliminant les reliques d'un passé industriel révolu. On retrouvera heureusement l'oeuvre de C. Erard au coeur des Alpes françaises.

Dans son atelier on pouvait admirer des pastels évoquant les corps astrals de plusieurs personnes dont elle suit une guérison tant physique que psychique; ailleurs des céramiques illustrent l'échelle de Jacob, progression spirituelle ou évocation des liens qui nous unissent Terre et Ciel, plusieurs installations ou sculptures invitent à la méditation et au recueillement mais ce qui frappe est cet alignement, disposé comme un arbre séphirothique, de dix Archanges, qui firent l'objet d'une installation intitulée "Racines célestes". 
La représentation angélique relève de nos traditions judéo chrétiennes... mais le langage plastique coloré de ces figures proches des superhéros des mangas ressuscite des mythologies plus anciennes : Tsapkiel, Métatron, Raziel, Camaël, Raphaël, Michaël, Zadkiel, Haniel, Gabriël et Sandalphon Malkuth surgissent dans la pénombre comme des divinités ancestrales protectrices des divers facettes de notre vie.

pour découvrir l'oeuvre de C. Erard et son message : http://www.christianerard.com/