mardi 18 mars 2014

Rino Noviello : mémoire des mutations industrielles

Rino Noviello est photographe et artiste plasticien, diplômé en photographie et vidéo, et fondateur de l'agence picturimage, il a publié de nombreux reportages et des ateliers centrés sur la rencontre entre la culture artistique et l'industrie.

Les mutations industrielles l'ont amené à explorer le patrimoine industriel wallon, souvent en état d'abandon et de désaffection, jetant un regard incisif sur un paysage profondément transformé par l'emprise de l'homme sur la nature. Usines, hauts-fourneaux, gazomètres et raffineries hantent encore les lieux où la nature peu à peu reprend droit. Dans ces noirs et blancs superbement maîtrisés, le ciel fait écho aux structures métalliques. Exploitant plus loin la veine de l'archéologie industrielle, Noviello s'attache aux traces des activités minières en mettant en évidence le déchirement de la surface terrestre dans les carrières... le photographe scrute la texture rocheuse, dévoilant les strates géologiques soulignée par le réseau des terrasses et des chemins façonnés à l'usage des machines extractrices, absentes ici, mais laissant malgré tout la trace de leur passage soigneusement balisées par les blocs cubiques.

L'exploration urbaine à laquelle il se livre - l'URBEX étant cette activité photographique consistant à investiguer les lieux de désolation urbaine : bâtiments désaffectés, usines abandonnées, caves et souterrains oubliés ou condamnés - s'attache plus à la décrépitude de la matière qu'au dispositif architectural : fissures, rouilles, peintures décaties, poussières, corrosions diverses deviennent ici les éléments d'une construction visuelle confinant à l'abstraction. On est loin de l'anecdotique ou du sensationnel : les zones explorées ne sont pas prétextes à une scénarisation gothique, où à une quelconque proclamation apocalyptique. Les lieux restent sereins et l'on se rend compte de la fragilité des entreprises humaine face à une végétation envahissante, à une dégradation inexorable, entropique, où bâtiments, machines, meubles, et objets divers sont voués à une disparition définitive. Lorsque Noviello quitte les vestiges humains pour s'attacher à la nature, c'est encore une fois, en s'approchant au plus près de l'écorce et des racines... ce qui fouille et taraude la terre devient des sculptures monumentales, ou vu de très près les racines deviennent des reptiles - boas constrictors - étouffant tout ce qui prétend leur résister.


Noviollo anime régulièrement des ateliers. une activité récente est l'organisation de parcours photographiques avec des femmes marocaines, agées de 18 à 31 ans, qu'il présente comme suit :

"Le parcours des immigrés marocains au coeur de Bruxelles est un parcours qui s’inscrit à travers une mémoire : celle des lieux, des chemins, des quartiers, où les rencontres entre les premiers immigrés des années 50 et les habitants déjà installés se sont construites. 50 ans après les accords signés entre la Belgique et le Maroc sur le recrutement de main-d’œuvre, vingt jeunes femmes âgées, accompagnées par Rino Noviello, photographe, et par les artistes de la Maison du conte réalisent un nouveau parcours dans la ville et une surprenante collecte d’images sous l’angle des origines multiples et du féminin. Cela donne une exposition originale et percutante mêlant portraits et paysages urbains, prestations artistiques et diffusion sonore"



Le fruit de cette collecte d'image est exposé à la bibliothèque-médiathèque LE PHARE *, à Uccle, jusqu'au 31 mars 2014. Le samedi 20 mars aura lieu le spectacle et atelier "parcours de parole"


* au 935 ch de Waterloo - 1180 Bruxelles - rens. 023740443

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