La réponse est étonnante...car il s'agit de Patrice Lumumba.
Oui,
 l'artisan de la décolonisation du Congo, celui qui s'adressant 
directement à son peuple affirma dans son discours d'indépendance, 
quatre ans plus tard, que "Nul Congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier que c'est 
par la lutte qu'elle a été conquise (...) Cette lutte, qui fut de 
larmes, de feu et de sang, nous en sommes fiers jusqu'au plus profond de
 nous-mêmes, car ce fut une lutte noble et juste" s'exprimait de la sorte dans une une
 lettre-circulaire adressée en 1956 aux membres de l'Association des 
évolués (entendez par là les Congolais ayant assimilé les normes 
sociales et culturelles du colonisateur) de Stanleyville.
Entre
 l956 et 1960, Lumumba eut le temps de se distancier de la promesse 
d'une évolution pacifique et lente vers une indépendance formelle mais 
perpétuant les rapports économiques coloniaux pour se positionner en 
nationaliste intransigeant et dénonçant les manœuvres sécessionnistes de
 Tshombe. La suite est connue, trop connue : les troubles et les 
émeutes, l'intervention des paras belges en soutien à Tshombe, 
l'indépendance du Katanga, l'irrésolution de l'ONU, la lutte désespérée 
de Lumumba, alors premier ministre, pour reconquérir le Katanga, la 
trahison du président Kasa-Vubu qui le révoque, le coup d'Etat 
mobutiste, la fuite et l'arrestation de Lumumba, sa tentative d'évasion 
puis son assassinat. 
On
 aura glosé et enquêté sur les circonstances de ce crime, sur le rôle 
des responsables katangais, et de Mobutu, mais aussi, et surtout, de 
fonctionnaires, commissaires et officiers, belges. 
Ces
 points encore discutés par les historiens ne seront peut être jamais 
complètement élucidés. Quoi qu'il en soit, Patrice Lumumba devient un 
symbole, un héraut de l'Afrique indépendante, un héros national et 
international, qui fut capable d'articuler l'indépendance et la lutte 
plus globale contre l'impérialisme.
Aujourd'hui
 encore, la Belgique hésite à affronter avec lucidité son passé 
colonial... L'idée d'une place publique au nom du leader congolais 
effarouche encore les édiles ixellois. Aussi l'association Bamko, le Comité féminin et afrodescendant pour l'interculturalité et contre le racisme, a pris 
l'initiative d'inaugurer une "place itinérante" au nom de Patrice 
Lumumba, et de faire ériger une statue, réalisée par Rhode Makoumbou, le représentant, prononçant son fameux discours du 30 juin 1960.  
L'évènement
 eut lieu aux galeries Ravenstein, et rassembla une bonne centaine de 
sympathisants, des Congolais et d'autres Africains, mais aussi des 
Belges et autres européens... Il fut l'occasion, outre de rappeler notre responsabilité historique, de souligner l'importance d'une décolonisation des esprits et le rôle primordial de l'art dans une transformation des mentalités.
Rhode Makoumbou, née à Brazzaville, a créé de 
nombreuses sculptures en matière composée (sciure et colle à bois sur 
une structure métallique. "S'inspirant de la vie quotidienne des femmes africaines, elle se considère un peu comme une artiste archiviste de la 
mémoire sociale et culturelle de l’Afrique en général, et du Congo en 
particulier. Elle s’exprime souvent dans ses interviews sur le respect 
des notions idéologiques de l’identité et de la diversité culturelle. 
Elle a toujours accordé une grande importance à la question du sens dans
 l’art et du rapport entre l’artiste et son public. C'est la première fois qu'elle représente un personnage historique. " (http://www.rhodemakoumbou.eu/fr/biographie)

















