samedi 9 avril 2016

debout, la nuit pour changer le monde

Initiée en France sur fond de crise et de lutte sociale intense, le mouvement "Nuit debout" essaime dans une Belgique encore un peu secouée par les attentats du 22 mars... Pour l'heure le mouvement, ou rassemblement, se cherche encore. Il a réuni pour trois nuits consécutives - d'autres suivront - quelques centaines de citoyens (du monde), jeunes en majorité, pour occuper la place publique, réfléchir à la situation présente et refaire le monde, au moins en rêve... ces idées échangées au cours de prises de parole laborieusement organisées se transformeront-elles en actes mobilisateurs, et de la mobilisation surgiront les linéaments d'une société nouvelles, de structures socio-économiques plus justes : nul ne peut dire à présent. La première impression, d'un contact encore bien superficiel, est qu'on s'attache un peu à réinventer ce qui avait, depuis les Lumières, été imaginé et discuté. Comment définir une volonté générale émancipatrice, comment agir dans la société, comment construire une société égalitaire. Des sans-culottes aux communards, des communards au révolutionnaires russes, des révolutionnaires aux étudiants de mai-68, des révoltés 68-ards au zapatistes, des zapatistes aux altermondialistes, des altermondialistes aux indignés, des indignés aux zadistes et rebelles d'aujourd'hui... l'histoire semble se répéter, sans cesse, au prix d'un estompement des enjeux, et surtout de l'oubli de ce qui devrait être transmis de génération en génération : la lutte pour l'émancipation, pour la reconnaissance, et la transformation des rapports sociaux, un combat qui se répète sans cesse, reste une lutte à mort, menée selon les règles implacables d'une dialectique hégélienne, celle du maître et de l'esclave. En toile de fond, un slogan apparait au nom des "énervé-e-s" : "soyons sauvages". En fait de sauvagerie, le rassemblement des NuitDebout ressemble à un camp de patronage, un club de discussion aimable où, disciplinés et courtois, chacun-e-s prend en toute liberté la parole. On note certes, surtout en France, un bond qualitatif, celle d'une prise de conscience généralisée que le système socialo-libéral d'une république dévoyée n'est plus tenable et que la seule issue est celle d'une révolte généralisée des "sans", du néo-prolétariat précarisé et marginalisé, contre une république agonisante. Encore faut-il que ce qui s'exprime comme désir et projet dans ces "nuits debout" se cristallise dans une organisation et une stratégie consciemment héritière de tout ce qui a été pensé, en guise d'émancipation prolétarienne, depuis Marx.

Ici quelques photos du rassemblement sur le Mont des Arts, ce 8-9 avril, à Bruxelles...
 










Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire