dimanche 13 décembre 2015

banalité(s)

Anciennement le terme "banal" désignait ce qui appartenait au seigneur et dont l'usage était imposé, moyennant redevance, au commun. Avec la modernité, le sens du mot change et désigne simplement ce qui est commun, ce qui appartient à tous et devient synonyme de "public".  Plus péjorativement, le mot qualifie ce qui ne présente aucun élément singulier, aucune caractéristique particulière, aucune marque de distinction. Et une oeuvre d'art devient banale si elle ne présente aucune originalité, tant dans sa forme que dans sa source d'inspiration. 
Il faut dire que la banalité fait aujourd'hui règle et qu'elle marque implacablement notre mode de vie standardisée et se manifeste entre autre dans le paysage, et ce particulièrement dans ces zones intermédiatire que sont les banlieues, les friches industrielles, les campagne semi-urbanisées, ou ces espaces indéfinissables qui abritent les centres commerciaux de la périphérie. La vie urbaine est aussi tissée de banalités : la déambulation dans les rues, la presse des transports publics, le chalandage dans les centres commerciaux, les attroupements de badauds et les attentes en file. C'est précisément cette banalité qui fait la trame de la "street photography" dont les meilleurs praticiens excellent, par un formalisme plus savant qu'il n'y parait, d'extraire l'extraordinaire de l'ordinaire, au point que, réduit à l'instant infinitésimal de la prise de vue, la banalité disparaît à la faveur d'une coïncidence unique. 

Mais on pourrait se demander si, en fin de compte, il est possible de transcrire photographiquement la banalité d'un lieu, tout en échappant à la banalité. 







Ces photographies ont été prises à Anderlecht, dans le quartier de Neerpede. A proximité d'une bretelle routière et d'un parc aux étangs soigneusement aménagés - il s'agit notamment d'un bassin d'orage - on parcourt des champs où les traces de l'urbanisation abondent : centres sportifs, terrains de golf, pylônes électriques, maisonnettes...bref un paysage décidément fort banalisé à la périphérie bruxelloise.



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